[AAA] Le travail numérique : plus d’autonomie ou un nouvel assujettissement du travail ?

Les deux dernières décennies ont vu de profondes transformations du travail, tant dans le processus d’organisation du travail que dans le fonctionnement du marché du travail. Parmi celles-ci, la plus récente et la plus rapide est l’informatisation du travail, en particulier la numérisation du travail. Une nouvelle frontière s’est ainsi ouverte dans le domaine du travail et, en même temps, dans l’exploitation et la précarité du travail, que la crise sanitaire et socio-économique actuelle élargit de façon démesurée. La praxis et le mythe du « smart working » sont les signes visibles d’une dynamique planétaire de matrice capitaliste qui, une fois de plus, envisage la libération et l’humanisation possibles du travail salarié dans le cadre d’une nouvelle, peut-être plus radicale, aliénation, atomisation et subordination du travail salarié aux impératifs du marché et du profit.

Le but de ce numéro de la Revue est d’analyser de manière critique cette dynamique, en accordant une attention particulière à la relation entre les « plates-formes numériques » et leurs « applications » : parallèlement au développement intense des technologies informelles et numériques, nous assistons à l’expansion de différents modes d’exploitation intense de la main-d’œuvre, qui se traduit par des conditions de travail très précaires, de longues journées de travail, de faibles salaires, des niveaux élevés de maladie. Habituellement, ces nouvelles formes de travail salarié sont présentées comme des « services » libres et autonomes, les travailleurs et les travailleuses qui y participent deviennent des « entrepreneurs de soi-même », « maîtres » de leur temps de travail. Et cela permet aux plateformes, c’est-à-dire aux entreprises qui les possèdent et les contrôlent, de contourner et d’éHeldin le droit du travail des pays dans lesquels elles opèrent.

De cet ensemble de processus de transformation du travail, dans lequel l’élément technologique apparaît en surface comme prévalant sur l’enveloppe des relations sociales qui le subsument en réalité, émergent des questions importantes qui sont d’un grand intérêt pour cet appel à communications consacré au travail numérique :

  • En fait, qu’est-ce qui caractérise ce nouveau mode de travail ? Tout d’abord : s’agit-il de quelque chose de complètement nouveau, pour l’utilisation qu’il fait des ressources des TIC, ou s’agit-il d’une combinaison d’anciennes et de nouvelles formes d’organisation du travail ? Sur la base de quels critères, et dans quel but, les algorithmes ont-ils été construits ? Comment contrôlent-ils le temps et l’intensité du travail ? Qui contrôle les algorithmes ? Quel est le rôle de l’intelligence artificielle dans ces nouvelles formes de prestation de travail ? Quels sont, en eux, les liens entre la matérialité, l’immatérialité, le travail numérique et la création de valeur et de richesse ? Qu’en est-il de l’exploitation du travail et de la surcharge de travail (plus-value) ? Comment la création de plus-value se fait-elle lorsque le travail n’est pas rémunéré ? Quelles sont les nouvelles voies empruntées par le conflit entre le capital et le travail ? Est-il possible de réglementer ces emplois qui ne cessent de se développer ?
  • Il y a également des questions importantes relatives aux conséquences sociales de l’informatisation et de la numérisation du travail, qui sont également d’une grande importance pour ce numéro de la Revue : l’impact de l’informatisation sur l’intensification du travail et le temps de travail ; les effets de la numérisation sur les processus de qualification/déqualification du travail et des travailleurs ; la relation entre la numérisation et la précarisation de l’emploi ; l’impact de la numérisation sur les salaires et sur les phénomènes de désalarisation ; la numérisation comme élément d’appauvrissement (matériel, social, psychologique) et facteur de nouvelles inégalités sociales.
  • Et enfin et surtout : avec l’expansion de ce qu’on appelle l’industrie 4.0 – qui va encore intensifier la robotisation et l’automatisation numérique dans toutes les activités possibles, grâce à l’ »internet des objets », l’expansion de l’intelligence artificielle, avec de profondes conséquences sur l’emploi – quelles sont les principales conséquences pour la classe ouvrière ? Comment la nouvelle composition de la classe ouvrière est-elle configurée ? Quelles sont les formes possibles de résistance, d’organisation et de représentation de cette partie croissante de la classe ouvrière ?

Modalités de proposition

Nous vous invitons à nous soumettre des propositions d’articles qui répondent aux questions et problèmes ci-dessus. Les propositions doivent inclure des informations sur le ou les auteurs, leurs affiliations institutionnelles, leurs coordonnées, un résumé de 500 mots (maximum), quelques mots-clés (de 3 à 5 au maximum). Une fois sélectionnés, les articles doivent comporter entre 5 000 et 8 000 mots (hors bibliographie).

Langues : anglais, espagnol, français, italien. Veuillez suivre les instructions rassemblées dans le guide de l’auteur. Tous les textes doivent être transmis dans un format compatible avec Windows (.doc ou .rtf), en suivant les instructions fournies par le processus d’évaluation par les pairs. Veuillez consulter le guide de l’auteur de la Revue.

Coordination scientifique

Les propositions doivent être soumis par courrier électronique à l’adresse suivante 

  • Antunes Ricardo – Université de Campinas (rantunes@unicamp.br)
  • Basso Pietro – Université de Venise (pbasso@unive.it) 
  • Perocco Fabio – Université de Venise (fabio.perocco@unive.it)

Calendrier

  • 15 mai 2020 – soumission des propositions

  • 30 mai 2020 – sélection
  • 1 novembre 2020 – soumission d’articles
  • 30 novembre 2020 – évaluation par les pairs en double aveugle
  • 30 décembre 2020 : révision des articles
  • Février 2021 – publication

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