[AAA] Revue Étude de communication « La constitution des autorités numériques dans la production et la circulation de l’information »
Revue /Étude de communication/ n° 55*
Site web de la revue : : https://journals.openedition.org/edc/ <http://journals.openedition.org/edc/>
Dossier coordonné par :
Evelyne Broudoux (DICEN, CNAM-INTD)
Madjid Ihadjadene (Paragraphe, Université de Paris 8)*
Les modifications du « faire autorité » se laissent observer dans les dispositifs numériques en réseau à travers les productions écrites, textuelles ou imagières. Alors que les notions de collaboration, de participation et de partage sont utilisées par les propriétaires des plateformes de réseautage « social » pour publiciser leurs projets, la question de l’autorité numérique qui est au cœur de la production et de la circulation des contenus sur ces plateformes mérite d’être approfondie. Ce dossier d’/Études de communication/ portera sur la constitution des diverses formes d’autorités numériques à l’œuvre sur les réseaux.
/Les nouveaux acteurs de l’autorité numérique/
La période actuelle semble caractérisée par une baisse de confiance envers les sources et les professionnels de l’information. Observer les modifications dans les processus de reconnaissance, de légitimation, de l’autorisation de la parole transformée (réputation, crédibilité, présence, identité, autoritativité, etc.) s’avère une priorité pour la compréhension des phénomènes. L’émergence de nouveaux acteurs interroge les rapports de pouvoir et d’influence (horizontalité, circulation de l’information) dans les sociétés et dans les organisations. Plus précisément, les échanges directs effectués dans des espaces de discussion et de publication se produisent en accord avec des systèmes de pertinence qu’il s’agirait de déconstruire, selon les différents contextes d’usages. Pour participer, la confiance est nécessaire, mais ce climat de confiance est tout d’abord suscité par des technologies de captation influençant les comportements humains (ex : travaux du /Standford Persuasive Tech Lab/), ce qui pose aussi la question du rôle systémique joué par les interfaces.
/Autorités numériques et modélisation documentaire/
L’autorité numérique peut aussi être interrogée en termes info-documentaires dans l’organisation des connaissances. L’évolution des systèmes de mise en relation des connaissances dans les environnements de publication scientifique tend à granulariser ce qui fait citation. Les technologies d’encodage comme le /linked open-data/ insèrent dans un tissu toujours plus fin de références des renvois, des ajouts, des recommandations automatisables. La question des responsabilités de l’auteur, de l’éditeur, du lecteur et des infomédiaires dans l’architecture de l’information se pose lorsque chacun est à même d’enrichir la production originale première.
/Le rôle des algorithmes dans la définition des autorités/
L’éditorialisation algorithmique, déjà bien connue avec le filtrage collaboratif et les moteurs de recommandation, se décline toujours plus subtilement. Ainsi, les figures du « robot-auteur » se sont banalisées dans la création artistique et dans le traitement de l’information de presse. La question se pose d’une rupture qui s’effectuerait dans les contrats d’intentionnalité et d’originalité liant la fonction-créative à la fonction-interprétative, lorsque la création algorithmique est passée sous silence. Les conséquences de ces nouvelles manières de faire pourraient aussi résider dans l’amplification d’un phénomène de défiance. La désintermédiation reposant sur l’absence d’auteur identifiable questionne aussi l’absence de responsabilité qui en découle. D’une manière plus large, la modélisation des dispositifs redistribue l’autorité dans des processus organisationnels (ex : Wikipédia, /blockchain/, recours aux technologies de l’intelligence artificielle, etc.).
Les contributions attendues à ce numéro peuvent être théoriques ou empiriques et aborder, de manière non limitative, les différents champs suivants : politique, journalistique, éducatif, documentaire, religieux, artistique, etc.
Le dossier rassemblera des articles selon les orientations suivantes dont nous proposons quelques exemples :
* les nouveaux acteurs de l’autorité numérique : les formes et facteurs de mise en place d’une relation de confiance et l’influence qui en découle,
* les plateformes distribuées : la gestion de la participation citoyenne à l’élaboration de connaissances, la gestion de la preuve dans la /blockchain/,
* l’autorité et les systèmes d’organisation des savoirs : l’évaluation, la validation des contenus, la gouvernance sur Wikipédia,
* éditorialisation et autorité : le rôle de l’éditeur et celui de la valorisation des œuvres face à l’automatisation,
* la communication et l’autorité organisationnelle : les changements dans la gestion managériale des entreprises.
Bibliographie indicative
Arendt H. (1972). « Qu’est-ce que l’autorité ? ». In/La crise de la culture/. Paris, Gallimard, p. 121-252.
Alloing C. (2017). « La réputation pour questionner l’autorité informationnelle : vers une « autorité réputationnelle » ». In /Quaderni/, vol. 2, p. 33-41.
Broudoux E. (2017). « Autorité scientifique et épistémique à l’épreuve de la mesure des citations ». In /Études de communication/, vol. 48, p. 177-198.
Birnholtz J. P. (2006). « What does it mean to be an author? The intersection of credit, contribution, and collaboration in science ». In /Journal of the American Society for Information Science and Technology/, vol. 57, n° 13, p. 1758-1770.
Benoit-Barné C., Cooren F. (2009). « The accomplishment of authority through presentification: how authority is distributed among and negotiated by organizational members ». In /Management Communication Quarterly/, vol. 23, n° 1, p. 5-31.
Collerette P. (2002). /Pouvoir, leadership et autorité dans les organisations/, Sainte-Foy (Québec), Presses de l’Université du Québec.
Favier L., Ihadjadene M. (2008). « Langages documentaires: vers une « crise de l’autorité »? ». In /Sciences de la société/, vol. 75, p. 11-21.
Gadeau O. (2015). « La (re)construction de l’autorité informationnelle dans les pratiques des journalistes québécois sur Twitter ». In /Communication/, vol. 33, n° 2.
Huvila I. (2019). « Authoring social reality with documents: From authorship of documents and documentary boundary objects to practical authorship ». In /Journal of Documentation/, vol. 75, n° 1, p. 44-61.
Lewandowsky S., Ecker U. K., Cook, J. (2017). « Beyond misinformation: Understanding and coping with the “post-truth” era ». In /Journal of Applied Research in Memory and Cognition/, vol. 6, n° 4, p ; 353-369.
Montal T., Reich Z. (2017). « I, robot. You, journalist. Who is the author? Authorship, bylines and full disclosure in automated journalism ». In /Digital journalism/, vol. 5, n° 7, p. 829-849.
Rieh S. Y. (2002). « Judgment of information quality and cognitive authority in the Web ». In /Journal of the American society for information science and technology/, vol. 53, n° 2, p. 145-161.
Taylor J. R., Van Every E. J. (2015). /When organization fails: why authority matters/. New York, Routledge.
Vásquez C., Bencherki N., Cooren F., Sergi V. (2018). « From ‘matters of concern’ to ‘matters of authority’: Studying the performativity of strategy from a communicative constitution of organization (CCO) approach ». In /Long Range Planning/, vol. 51, n° 3, p. 417-435.
Van Zundert J. J. (2015). « Author, editor, engineer — Code & the rewriting of authorship in scholarly editing ». In /Interdisciplinary Science Reviews/, vol. 40, n° 4, 349-375.
Wilson P. (1983). /Second-hand knowledge: An inquiry into cognitive authority/. Westport, CT, Greenwood.
Comité de lecture (en cours de constitution)
Nicolas Bencherki (Université Téluk)
Stéphane Chaudiron (Université de Lille)
Bernard Jacquemin (Université de Lille)
Antonietta Folino (Université de Calabre)
Seth van Hooland (Université libre de Bruxelles)
Alice Krieg-Planque (Université Paris-Est Créteil)
Guillaume Latzko-Toth (Université de Laval)
Olivier Le Deuff (Université Bordeaux-Montaigne)
Basma Makhlouf Shabou (Haute école spécialisée de Suisse occidentale)
Cécile Méadel (Université Paris 2)
Alexandra Saemmer (Université Paris 8)
Brigitte Simonnot (Université de Lorraine)
Lise Verlaet (Université de Montpellier)
Sélection des propositions
La sélection des propositions de contribution se fait en deux temps :
* sur la base d’un résumé de 1 500 à 2 000 mots qui présentera les objectifs, l’argumentation et l’originalité de la proposition ainsi que quelques orientations bibliographiques,
* pour les résumés retenus, une seconde évaluation sera réalisée sur la base des articles définitifs.
Les instructions aux auteurs sont disponibles sur le site de la revue : https://journals.openedition.org/edc/668.
L’évaluation sera assurée de manière anonyme par au moins deux lecteurs du comité.
L’envoi des résumés au format Word (.doc) ou Writer (.odt), et PDF se fait aux deux adresses suivantes :
* evelyne.broudoux@cnam.fr <mailto:evelyne.broudoux@cnam.fr>
* madjid.ihadjadene@univ-paris8.fr
<mailto:madjid.ihadjadene@univ-paris8.fr>
Les propositions d’articles et les articles définitifs d’une longueur de 35 000 signes (espaces, notes de bas de page et bibliographie compris) peuvent être soumis en français ou en anglais. Les articles définitifs sont en français. Aucun engagement de publication ne peut être pris avant la lecture du texte complet.
Calendrier
15 octobre 2019 : soumission du résumé
15 décembre 2019 : notification de l’acceptation ou du refus du comité de lecture aux auteurs
15 mars 2020 : remise de la version complète des articles
15 juin 2020 : réception des versions définitives
Décembre 2020 : publication du numéro (version papier et version électronique)
Appel à articles pour la rubrique /Varias/
/Études de communication/ lance un appel à articles permanent pour sa rubrique /Varias/.
Toutes les propositions dans les différents domaines de la recherche en SIC sont les bienvenues. Les consignes de rédaction sont disponibles sur le site de la revue : https://journals.openedition.org/edc/.