[Colloque] L’emprise de la communication

Colloque anniversaire de la Revue Politique de Communication

Les 15 et 16 décembre, Sciences Po Toulouse et le LaSSP accueilleront le colloque organisé à l’occasion des 10 ans de la revue Politiques de Communication :

L’emprise de la communication

The Grip of Communication

Colloque international
Sciences Po Toulouse – 15-16 décembre 2022

Pour ses dix ans d’existence, la revue Politiques de communication organise un colloque international dont l’ambition est de proposer une réflexion d’ensemble sur « l’emprise de la communication » dans la structuration des espaces sociaux contemporains. “L’emprise de la communication” peut se définir, en première approximation, comme la transformation partielle d’activités sociales relativement autonomes en raison de la généralisation de l’usage des médias de grande diffusion et digitaux, et de la normalisation des savoirs, savoir-faire et croyances professionnalisés ou profanes qui leur sont associés.

Comme l’ont montré diverses études, elle se décèle dans les transformations des organisations, publiques et privées, marchandes ou non, dans une mutation des formes d’expression, ou dans l’évolution des ressources et compétences nécessaires pour réussir socialement, et donc des hiérarchies, clivages et formes de socialisation et de sociabilité légitimes. Depuis deux décennies environ, cette emprise croissante de la communication se manifeste de façon exemplaire dans la numérisation des relations sociales : marchandes, professionnelles, associatives, militantes mais aussi amicales ou amoureuses. Elle se traduit aussi par le renforcement de la présence des professionnels de la communication dans des secteurs et métiers où ils étaient historiquement absents : gastronomie, sport, justice, science, université, édition, etc. L’ambition de ce colloque est de regrouper et de faire dialoguer des études empiriques visant à mesurer les formes et la force de cette emprise de la communication dans divers champs sociaux : la politique ou les activités économiques, bien sûr, mais aussi la culture, le journalisme, l’enseignement et la recherche, le sport, la mode, le droit, la religion, l’alimentation, l’habillement et jusqu’aux manières d’être et de vivre en société.

« L’emprise de la communication » n’est pas un questionnement nouveau pour la recherche en sciences sociales. Celle-ci en a déjà largement exploré les dimensions idéologiques, politiques, économiques, techniques et organisationnelles. Dans une perspective cumulative, la première ambition de ce colloque est de proposer un bilan des travaux sur l’évolution des pratiques et représentations sociales de la communication et leurs implications organisationnelles. Il propose également d’interroger les rapports sociaux de domination – de genre, de classe, de « race », de génération et autres – dont la communication est un outil et parfois un révélateur. Dans quelles proportions et selon quelles modalités variables s’exerce (ou se ressent) cette « emprise » de la communication, en fonction des logiques spécifiques à tel ou tel espace social ?. La professionnalisation de la communication est-elle une forme de rationalisation du travail de légitimation ou de domination symbolique ? L’extension des pratiques de communication participe-t-elle d’une subordination croissante à des intérêts économiques et politiques ? Est-elle une ressource monopolisée par quelques institutions ou personnes mieux dotées en ressources ? A l’inverse, s’observe-t-elle aussi – et avec quelles ambivalences – dans les pratiques militantes, scientifiques ou artistiques de contestation de l’ordre social ?

La nécessité de capitaliser les nombreux apports des sciences sociales rejoint ici la volonté de la revue Politiques de communication d’ouvrir de nouvelles voies pour la recherche. Ces voies nouvelles sont établies par l’exploration d’objets ayant échappé jusqu’à présent aux investigations de la recherche, mais elles peuvent aussi se dessiner au fil d’un travail renouvelé de problématisation et de distanciation permettant de mieux mettre en relief les effets induits de la communication dans des univers sociaux déjà bien étudiés.

TÉLÉCHARGEZ :
Programme « L’emprise de la Communication » 15 & 16 décembre 22

 

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Jeudi 15 décembre

14h30-15h : introduction du colloque

• Éric DARRAS (Université de Toulouse, Sciences Po Toulouse / LaSSP), directeur de Sciences Po Toulouse

• Stéphane OLIVESI (UVSQ-U.P. Saclay / CHCSC), directeur de la revue Politiques de communication (2013-2022)

15h15-18h30 : La professionnalisation de la communication et ses effets.

Dans ce premier axe, les contributions attendues chercheront à montrer comment s’imposent peu à peu dans les secteurs qui jusqu’alors y avaient échappé, des agents qui cherchent à légitimer des compétences et des savoirs faire relevant de la communication, affectant du même coup les logiques de fonctionnement et parfois même les hiérarchies des espaces dans lesquels ils évoluent.

Présidents de séance : Jérémie NOLLET & Olivier BAISNÉE (Université de Toulouse, Sciences Po Toulouse / LaSSP)

Discutant.e.s : Caroline OLLIVIER-YANIV (UPEC/Céditec), Julien BOYADJIAN (Université de Lille-Sciences Po Lille/CERAPS)

  • Jeanne PAHUN (INRAE/LISIS)Les politiques alimentaires locales, nouvelles ressources communicationnelles des collectivités territoriales
  • Rania KARCHOUD (Panthéon Assas Université/CARISM)Le conseil en communication politique en Tunisie : la professionnalisation à l’épreuve de la « transition démocratique »
  • Charles SARRAUTEFaire parler le PDG. La fabrique des interviews au sein d’une multinationale cotée
  • Isabelle HURE (Université de Franche-Comté/ELLIADD – CARISM), Des procureurs gagnés par la communication numérique
  • Tatiana DE FERAUDY (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne/ CESSP)La civic tech : des professionnel·les de la communication numérique à l’assaut de la participation citoyenne
  • Oihana HUSSON, La professionnalisation des influenceurs et ses enjeux dans le secteur sanitaire
  Vendredi 16 décembre

9h-12h15 : L’information sous l’emprise de la communication.

Ce second axe de questionnement interroge les formes actuelles de l’emprise de la communication sur la production de l’information journalistique. Si la professionnalisation des sources et leur influence sur la coproduction de l’information journalistique, les modalités de diffusion de l’information et les représentations du public qui leur sont associées, ou encore les ressorts de la consécration médiatique sont des problématiques classiques en France depuis les années 1990 et 2000, l’on manque de travaux empiriques récents qui actualisent les connaissances et rendent intelligibles les formes contemporaines de ces enjeux fondamentaux. Les réponses aux questions soulevées ici seront attentives aux caractéristiques des institutions de presse et de leurs rédactions, à la distribution des ressources et compétences, et aux enjeux de concurrence dans et autour du champ journalistique.

Présidente de séance : Sandrine LÉVÊQUE (Sciences Po Lille/CERAPS)

Discutant.e.s : Julie SEDEL (Université de Strasbourg/SAGE), Nicolas KACIAF (Sciences Po Lille / CERAPS)

  • Louise ANGLES D’AURIAC (Université Sorbonne-Nouvelle-Paris 3/CREW)Connecting the American people : the effects of new modes of communication during the American presidential campaign of 2020
  • Boris ATTENCOURT (Université Paris Cité/CESSP)L’avènement du vedettariat intellectuel au prisme des conférences
  • Guillaume LE SAULNIER (Université de Reims/CÉREP – CARISM), La communication de l’Intérieur : éléments pour une analyse socio-discursive du discours institutionnel de la police nationale.
  • Olivier BAISNEE, Alizé CAVE, Maximilien GIDON, Cyriac GOUSSET, Jérémie NOLLET (Université de Toulouse, Sciences Po Toulouse / LaSSP) et Fanny PARENT (Université de Fribourg, Département de Sciences sociales -Sociologie/LaSSP)La production de l’événement politique Gilets jaunes. De la manifestation de papier à celle des réseaux sociaux ?

14h-17h15 : L’emprise de la communication comme problème (du) public

Ce troisième axe porte sur l’emprise de la communication, et notamment de la numérisation, sur le “public” au sens large, qu’il s’agisse des arènes de construction des problèmes publics (activités de claims-making), d’une part, et de la reproduction et/ou de la transformation des relations sociales ordinaires (réceptions, appropriations et usages des médias), d’autre part.

Président de séance : Benjamin FERRON (UPEC/Céditec, CENS)

Discutant.e.s : Clémentine BERJAUD (Université Paris 1/CESSP), Erik NEVEU (Sciences Po Rennes/ ARENES)

  • Keyvan GHORBANZADEH (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne/CESSP-CRPS)Du problème publicitaire à la solution communicationnelle. L’emprise de la communication marchande sur le champ bureaucratique
  • Théo REGNIEZ (Université Paris-Dauphine-PSL/IRISSO)  : Cadrer le débat sur la situation économique : communication et diffusion médiatique des prévisions économiques
  • Jean-Baptiste LEGAVRE, Comment résister à l’emprise de la communication ? L’exemple « malheureux » de la sociologie de Michel Crozier
  • Isabelle CHARPENTIER (Université de Picardie Jules Verne / CURAPP-ESS)Une pratique socialement et culturellement distinctive ? Propriétés sociales, goûts, pratiques culturelles et préférences politiques des spectateur-rices français-es de séries télévisées politiques

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