[AAA] DISPOSITIFS NUMERIQUES ET ORGANISATIONS. ENTRE PERMANENCES, TENSIONS ET CHANGEMENTS

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Sous la direction de Nathalie Pinède

Date limite de soumission : 20 juin 2019

Les mutations des organisations se poursuivent aujourd’hui, dans un environnement de « mise en numérique » généralisé et d’innovations technologiques, concernant tout autant les modalités de production, les activités, ou encore la géométrie des collaborations, ce qu’illustre par exemple le concept d’ « entreprise du futur » (Besson, 2015). Dire que les dispositifs numériques sont désormais omniprésents dans les organisations s’avère dès lors un quasi pléonasme, bien que la réalité qu’ils recouvrent soit extrêmement diversifiée. Ils peuvent être dédiés à la gestion ou à l’analyse de données (intranets, ERP, datamining…), aux échanges info-communicationnels (réseaux sociaux, messagerie électronique…) ou encore à la mise en œuvre de l’activité elle-même (services en ligne, robotique, réalité virtuelle, etc.). Si des formes d’invisibilité et de banalisation (Andonova, 2015)sont associables à la présence de certains dispositifs numériques, tels les dispositifs numériques info-communicationnels, ceux-ci s’inscrivent quoiqu’il en soit dans des trajectoires organisationnelles, soit un « long processus de négociations et d’ajustements » (Jemine, 2017, p. 58) entre stratégies, acteurs, usages et techniques, processus non exempt d’imaginaires ou d’idéaux/idéologies (connectivité, ubiquité, autonomie, etc.). Dans ce cadre, les limites de l’organisation deviennent également plus poreuses, le rapport « interne »/ « externe » (à l’organisation) se fait plus ambigu et la place de l’homme, plus diffuse, entre inscription et flux.

Ainsi, ce positionnement de l’homme vis-à-vis des dispositifs numériques, en lien avec les organisations, peut-il s’analyser à différentes échelles et sur différents plans d’intervention. A l’échelle individuelle, on peut l’appréhender à travers les rapports concrets aux technologies, pouvant se traduire par une réorganisation du poste de travail, de nouvelles interactions ou collaborations homme-machine, etc. A l’échelle organisationnelle, il s’agit d’envisager la place de l’homme en tant que membre d’un collectif à repenser autour de et avec la présence croissante de dispositifs numériques diversifiés. Enfin, à l’échelle sociétale, des macro-éléments de contexte (cadre institutionnel, contraintes et opportunités environnementales…), impliquant l’homme dans ses attentes, désirs et craintes face au numérique, sont susceptibles de modifier le cadre d’action de l’organisation, et vice-versa. Bien entendu, ces différents niveaux sont en interrelations et s’imbriquent de façon systémique.

Dans le cadre de cet appel, nous focaliserons sur l’un de ces niveaux, en l’occurrence les enjeux collectifs soulevés par la présence de dispositifs numériques pluriels dans les organisations, entre permanences et ruptures, opportunités et risques. Plusieurs questionnements peuvent être abordés à cette échelle :

  • Comment se redéfinit le rapport au travail dans les environnements organisationnels en prise avec le numérique (Bidet et al., 2017) ? Comment, à cette aune, se redessinent métiers et compétences, par exemple entre compétences techniques et communicationnelles (Bouillon, 2015)? En quoi le digital labor (Cardon et Casili, 2015), en révélant tout particulièrement la porosité des frontières organisationnelles, modifie-t-il la vision classique de la répartition des tâches et compétences ?
  • Comment se restructurent les collectifs de travail (Zacklad, 2015, 2019), dans et hors « les murs » de l’organisation, entre participatif supporté par des dispositifs numériques et responsabilité individuelle accrue ?
  • Comment se remodèle la prise de décision, notamment du fait des nouveaux modes de management par les données et les traces (Rouvroy et Berns, 2013 ; Vayre, 2018) ?
  • Comment sont prises en charge (ou pas) les questions éthiques posées par les dispositifs numériques, que cela concerne les données (Balicco et al., 2018) ou les risques sociaux en matière d’inclusion/exclusion ?
  • Dans le cadre de ces stratégies numériques, quels types de dynamiques en matière de management ou d’accompagnement au changement, se mettent en place dans l’organisation, notamment en lien avec les transformations et transitions technologiques ?
  • Comment émergent des formes d’alignement (ou de dés-alignement) entre stratégies, dispositifs numériques et usages (Pinède, 2017) ?Ces questionnements ne sont évidemment pas exhaustifs et peuvent être complétés par d’autres perspectives de recherche.

REFERENCES CITEES

Andonova, Y. (2015). De l’invisibilité des dispositifs numériques à la légitimation de la communication en entreprise. Sociologies pratiques, 1(30), p. 43-52.Balicco, L., Broudoux, E., Chartron, G., Clavier, V. et Pailliart, I. (2018). L’éthique en contexte info- communicationnel numérique. Déontologie, régulation, algorithme, espace public. Louvain- La-Neuve, De Boeck Supérieur.Besson, M. (dir.) (2015). Entreprise du futur. Les enjeux de la transformation numérique. Livre Blanc. Institut Mines-Télécom.
Disponible sur : https://www.marsouin.org/IMG/pdf/imt_livreblanc.pdfBidet, A., Datchary,

C., Gaglio, G. (2017). Quand travailler, c’est s’organiser. La multi-activité à l’ère numérique. Paris, Presses des Mines.Bouillon, J-L. (2015). Technologies numériques d’information et de communication et rationalisations organisationnelles : les « compétences numériques » face à la modélisation.Les Enjeux de l’information et de la communication, 16(1), p. 89-103.Cardon, D. et Casili, A. (2015). Qu’est-ce que le Digital Labor ? Bry-sur-Marne, INA Editions.

Jemine, G. (2017). Déploiement de dispositifs numériques au sein de nouvelles formesd’organisation : de l’émergence à la stabilisation. Sociologies pratiques, 1(34), p. 49-59. Pinède, N. (2017). Analyse stratégique des sites web. Approche par l’alignement. Dans S. Rouquette (dir.). Site internet : audit et stratégie (p. 51-76). Louvain-la Neuve : DE Boeck.Rouvroy, A., Berns, T. (2013). Gouvernementalité algorithmique et perspectives d’émancipation. Le disparate comme condition d’individuation par la relation ? Réseaux, 177, p. 163-196.

Vayre, J. (2018). Comment décrire les technologies d’apprentissage artificiel : le cas des machines à prédire. Réseaux, 211(5), p. 69-104

Zacklad, M. (2015). Régimes de coopération dans les comportements collectifs médiatisés. Dans S. Alemanno (dir). Communication organisationnelle, management et numérique (p. 153- 158). Paris, L’Harmattan.

Zacklad, M. (2019). Le design de l’information : textualisation, documentarisation, auctorialisation.Communication et Langage, 199, p. 37-62.

COMITE DE LECTURE DU NUMERO

ALCANTARA Christophe – Maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, université Toulouse 1 Capitole, laboratoire IDETCOM.

ANDONOVA Yanita – Maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, université Paris 13, laboratoire LABSic.

CARMES Maryse – Maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, CNAM, laboratoire DICEN-IDF.

DUMAS Aurélia – Maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, université Clermont Auvergne, laboratoire Communication et Sociétés.

GALIBERT Olivier – Professeur en sciences de l’information et de la communication, université de Bourgogne Franche Comté, laboratoire CIMEOS.

HERMAND Marie-Hélène – Maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, université Bordeaux Montaigne, laboratoire MICA.

SIDIR Mohamed – Professeur en sciences de l’information et de la communication, IUT d’Amiens, laboratoire CURAPP.

ZACKLAD Manuel – Professeur en sciences de l’information et de la communication, CNAM, laboratoire DICEN-IDF.

CALENDRIER

  • 20 juin 2019 Soumission des articles
  • 2 septembre 2019 Réponse aux auteurs
  • 15 octobre 2019Version finale des articles retenus Parution du numéro
  • Décembre 2019

RECOMMANDATIONS AUX AUTEURS

Les articles, rédigés en français, font 20 à 25 pages.
Ils doivent respecter la feuille de style de la revue Les Cahiers du Numérique, disponible à l’adressehttps://lcn.revuesonline.com/appel.jsp
Les soumissions sont à envoyer au format pdf et doc à nathalie.pinede@u-bordeaux-montaigne.fr

CONTACT

Nathalie Pinède – Maitre de conférences HDR en sciences de l’information et de la communication Université Bordeaux Montaigne – Laboratoire MICA (EA 4426)nathalie.pinede@u-bordeaux-montaigne.fr

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