[Pré-conférence SFSIC] Traductions, recompositions, articulations, structurations… (re)penser le lien entre technologies, organisations et communications avec Anne Mayère
Translations, recompositions, articulations, structurations… (re)thinking the link between technologies, organizations and communications with Anne Mayère
Mardi 13 juin 9h-12h30 à la MSH de Bordeaux
Salle Jean Bordes – Et en hybride (lien en fin de programme)
Coordination : Pr. Valérie Lépine, université Montpellier 3 Pr. Laurent Morillon, université des Antilles
Anne Mayère, qui nous a brusquement quittés le 31 décembre dernier, a plus que contribué aux avancées et à la consolidation des recherches en communications organisationnelles. Dans une démarche compréhensive, ses travaux, menés les plus souvent dans le cadre de projets interdisciplinaires, ont éclairé la participation des TIC à la dynamique de rationalisation des activités de production d’information et de communication. Elle explicitait, par exemple, comment les textes globaux et les technologies informationnelles et communicationnelles génériques soutiennent le déploiement des logiques gestionnaires dans les organisations notamment du domaine de la santé. Afin de lui rendre hommage, la pré-conférence du groupe d’études et de recherche Org&Co donnera la parole, autour de ses travaux, à des chercheur.es avec qui elle a développé programmes, partenariats et publications.
Anne Mayère : le plaisir de discuter de manière ouverte. Une aventure de recherche et des éléments précieux pour les communications organisationnelles et les SIC
Pr. Pierre Delcambre, Université de Lille
Économie, gestion de l’information, communication organisationnelle. Itinéraires empiriques et théoriques, 1987-2004
Pr Jean-Luc Bouillon, université de Rennes 2
La trajectoire scientifique suivie par Anne Mayère est marquée par des aller-retours constants entre recherche empirique et travail de conceptualisation, parcours dont nous nous efforçons ici de reconstituer les principaux jalons. Nous nous attachons en particulier à mettre en évidence la façon dont ses premiers travaux au milieu des années 1980 sur les usages du Videotex dans les PME se sont prolongés dans l’ouvrage Pour une économie de l’information issu de sa Thèse de Doctorat, puis dans des recherches portant sur les Échanges de Données Informatisées (EDI) et sur les mutations des modèles d’organisation associés aux ERP. Si, au début de cette période, les questionnements portent principalement sur la nature de l’information et ses rapports avec le système productif, ils évoluent progressivement vers l’étude de la transformation des activités collectives de travail et des pratiques de communication qui leur sont liées. Cette transition vers les SIC et la communication organisationnelle,
impliquant des approches méso et micro-sociales, ne se traduit cependant pas par une occultation des enjeux centraux de l’économie et de la gestion.
Des réseaux de santé aux CPTS : des organisations d’interface au cœur des défis du système de santé français
Pr. Christian Bourret et Jessica Gheller, Université Gustave Eiffel
Le système de santé français, déjà fortement en crise et en pleine transformation numérique, a été durement affecté par la pandémie de Covid. Il est caractérisé par d’importants cloisonnements, notamment entre la médecine de ville et le secteur hospitalier. Des organisations d’interface, développées depuis une trentaine d’années, constituent des espaces d’innovation, de pratiques coopératives et des territoires de résilience. Elles s’appuient sur de nouveaux dispositifs socio- techniques (notamment plateformes) que nous questionnerons.
Médiations composites de connaissances hétérogènes : entre écrans de papier et manuscrits informatisés
Philippe Marrast, Université Paul Sabatier
Avec Anne, nous nous étions intéressés au travail de la connaissance dans le domaine des soins en cancérologie, à partir de l’observation des pratiques d’écriture professionnelles des infirmières. Nous avions postulé que ces écrits et ces pratiques participent de processus communicationnels complexes, pluriels et hétérogènes de création, de manipulation et de stabilisation de connaissances co-constitutives de l’organisation de l’activité. La contribution des SIC en dialogue avec les sciences informatiques nous avait permis de mettre en évidence la nécessaire médiation entre les nombreuses connaissances mobilisées, et l’intérêt d’équipements pluriels et évolutifs pour mener à bien ce travail sur les connaissances pour l’action et pour apprendre de l’action.
Pause
Derrière les discours enchanteurs sur l’iA : le travail de réparation et de maintenance des données en santé
François Lambotte, UC Louvain & Anja Scholtz, Université de Toulouse
Comprendre les transformations contemporaines, l’interdisciplinarité au service des SIC avec Anne Mayère
Pr. Sylvie Alemanno, Conservatoire national des Arts et Métiers
Pour comprendre certaines transformations contemporaines de l’activité au travail, il nous faut analyser la façon dont les relations des individus à la technique les engagent sur des voies possiblement incontrôlées/incontrôlables telle que l’uberisation, la mobilité, l’hyper-rationalisation par exemple. Selon Anne Mayère, une approche pluridisciplinaire notamment en mobilisant les expertises en SHS était susceptible de nourrir et renforcer des approches SIC. Nous évoquerons cette posture heuristique nous appuyant sur quelques exemples.
De l’idéal « computationnel » à l’organisation « numérique » en action : les organisations de santé à l’épreuve des pratiques
Pr. Sylvie Grosjean, Université d’Ottawa (Format entretien en capsule vidéo)
Cette communication donnera la parole aux travaux d’Anne Mayère sur la numérisation dans les organisations de santé. Nous discuterons des tensions entre les discours managériaux ventriloquant un
« idéal computationnel » et l’entrelacement de conversations quotidiennes et de technologies qui accompagnent « l’échafaudage de soins » dans les organisations de santé. Tensions qui sont aujourd’hui réinterrogées avec le développement de technologies dites « intelligentes ».
Rationalisation des systèmes de santé face aux environnements technologiques : Penser l’organisation à travers un regard conjoint sur l’activité, les savoirs experts, les acteurs. Référence aux travaux d’Anne Mayère
Pr. Michel Durampart, Université de Toulon
Il s’agira de montrer l’approche spécifique d’Anne Mayère sur la rationalisation précieuse pour la communication des organisations, notamment dans le secteur de la santé. Dans un premier temps, nous verrons comment Anne Mayère pensait la rationalisation dans une insertion en SIC en prenant en compte les activités des travailleurs du savoir et les transformations institutionnelles, ce qui la conduit aussi vers une approche communicationnelle des organisations de santé. Il s’agira ensuite de rendre compte de la façon dont elle pensait le rôle des technologies numériques et informationnelles : recourant à des approches biographiques des systèmes techniques dans une approche socio technique qui prend aussi en compte les théories de l’activité considérant ces technologies en tant qu’objets techniques et méthodes. Ainsi, elle parvient à ne pas séparer ces technologies d’une logique tramée d’entrelacs avec des mouvements organisationnels. Des notions ou perspectives nous intéressent alors particulièrement et ont inspiré nos travaux, qu’il s’agisse du rôle des objets techniques dans la rationalisation du point de vue de l’expertise des acteurs et de sa remise en cause par les orientations organisationnelles, de la question des contingences liées également à l’agir au travail, ou de la place des écritures, des procédures et échanges à l’épreuve de la rationalisation.
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