[publication] La régulation sociale du risque émotionnel au travail
Cet ouvrage propose un voyage à travers trois milieux professionnels où d’importantes émotions négatives sont présentes. Le travail de policier·ères, d’agents funéraires et de soignant·es est exposé à travers le prisme particulier des émotions au travail. Dans ces métiers, les émotions sont constitutives du travail relationnel au cœur de la relation de service.
Préface d‘Arnaud Mias
Éditions : Octarès
Parution : 2020, p. 226, 25,50€
ISBN : 978366301007
Présentation de l’ouvrage par l’auteur :
Comment est né cet ouvrage ?
Cet ouvrage est la publication remaniée de ma thèse de doctorat en sociologie « La régulation sociale du risque émotionnel dans le travail. Une étude comparative dans les pompes funèbres, à l’hôpital et dans la police. » pour laquelle j’ai enquêté en immersion pendant 9 mois auprès de soignant·es, de policier·ères et d’agents funéraires. La problématique de la recherche était de comprendre comment les émotions suscitées par l’activité de travail pouvaient affecter les professionnel·les, c’est-à-dire leur bien-être mais aussi leur manière de travailler. Ce faisant, il s’agissait de comprendre comment le collectif de travail pouvait répondre à ce risque émotionnel.
À l’issue de la soutenance présentée fin 2016 à l’Université Toulouse – Jean Jaurès, la maison d’édition Octarès s’est dit intéressée par mes travaux. Très honoré par cette proposition, je me suis attelé à la transformation du manuscrit de thèse pour rédiger le livre. Cela n’a pas été un exercice facile, car il s’agit d’écrire autrement.
A quels questionnements l’ouvrage tente-t-il de répondre ?
Ce travail s’intéresse à la question de la régulation collective des émotions dans des activités émotionnellement éprouvantes ; en l’occurrence les soins pédiatriques, le métier de policier·ères et celui d’opérateurs funéraires. À travers cette recherche comparative, le livre pose la notion de risque émotionnel comme objet d’analyse. Mais au-delà des questionnements sur ce qu’est un risque émotionnel et comment il s’exprime, l’ouvrage cherche aussi à répondre à la question : comment le risque émotionnel peut-il être régulé par les collectifs de travail ?
Quels sont les apports de l’ouvrage ?
En premier lieu, une originalité forte du livre est justement l’idée de risque émotionnel. Cette dernière pourrait être comprise assez facilement comme relevant de la catégorie plus générale des risques psychosociaux. Cependant, comme j’essaie de le faire dans le premier chapitre, il semblait important avec la notion de risque émotionnel de répondre aux remarques adressées à la notion des risques psychosociaux (RPS). D’abord, en contribuant à la critique des RPS et en montrant que la question émotionnelle dans le travail mérite une approche à part entière. D’autre part, en s’appuyant justement sur les reproches faits aux RPS pour enrichir l’approche des risques émotionnels. C’est essentiellement l’objet de la première partie du livre que de revenir sur le vaste champ des recherches traitant du mal-être au travail, présenter les terrains d’enquête et poser la problématique du risque émotionnel au travail.
Un deuxième apport de l’ouvrage est de mettre en lumière comment l’activité collective permet de réguler le risque émotionnel, avec toutes les limites que cela engendre également. Les chapitres 4 et 5 du livre cherchent à pointer justement les liens entre risque émotionnel et collectif de travail, mais de deux façons différentes. Le chapitre 4 vise à comprendre comment le risque émotionnel peut faire apparaître les frontières d’un collectif de travail. Le chapitre 5 pose une focale plus large puisqu’il s’agit cette fois de regarder comment le collectif de travail compose avec sa hiérarchie, les autres groupes professionnels avec qui il travaille et bien entendu les usager·ères ; acteur·rices essentiels dans les métiers étudiés. Enfin, les chapitres 6 et 7 cherchent à réaliser la démonstration de la régulation sociale du risque émotionnel par une mise en règle collective de ce dernier. Je crois in fine que l’apport important du livre est sa tentative de contribuer à comprendre comment s’opère le travail collectif ; certes dans un environnement particulier qu’est celui du risque émotionnel.
A quel public s’adresse-t-il ?
L’ouvrage s’adresse à un public large. D’abord, il peut intéresser aussi bien des étudiant·es que des chercheur·es confirmé·es. Dans tous les cas, l’ouvrage s’engageant dans une pluridisciplinarité théorique affirmée, il devrait pouvoir intéresser des chercheur·es de disciplines variées.
Ensuite, il peut répondre aux interrogations de toute personne intéressée par la question des émotions dans le travail.
Dans la même veine, je souhaite que toute personne s’interrogeant sur la problématique d’accomplir un travail collectif puisse se retrouver dans cet ouvrage.
Quels sont vos projets ?
J’aimerais continuer à travailler cette riche question des émotions dans le travail et de ses aspects sociaux. Le postdoctorat réalisé à l’INRS au moment de la parution de l’ouvrage m’a orienté plus encore sur les questions de santé et sécurité au travail. C’est une voie que j’aimerais conjuguer à mes intérêts pour les questions associant vécu émotionnel au travail et régulations sociales.
L’auteur :
Thomas Bonnet est docteur en sociologie. Il a soutenue sa thèse de doctorat en sociologie en 2016 à l’Université Toulouse – Jean Jaurès, au Certop. Actuellement Jeune docteur du laboratoire, il a effectué un postdoctorat à l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles).
Contact : thomas.bonnet@univ-tlse2.fr