Anthropocène, la fin de l’homme ?

Argumentaire

L’anthropocène est, à la lettre, l’époque de l’homme. Est-ce pourtant là notre époque ? Et en quoi est-elle celle de l’humanité ? Que le mot homme traduise l’anthropos grec ou l’homo sapiens de Linné, qu’il désigne le sujet d’un humanisme ou l’objet de sciences humaines, notre époque apparaît tout autant marquée par la présence des hommes que par leur absence. En tant qu’être historique, l’homme est réputé se tenir orthogonal au plan de la nature. Il s’y dépose aujourd’hui en une couche de sédiments, résidus radioactifs et déchets plastiques, extinctions massives et modifications irréversibles des sols, de l’eau et de l’atmosphère. A la surface de notre planète, l’homme ne semble plus être qu’un agent biologique et géologique parmi d’autres, que seule distingue l’importance de son empreinte. Cette dissolution de la figure historique de l’homme coïncide avec la contestation théorique et politique de sa prétention à l’universalité. Il y a plus d’un demi-siècle, Foucault prophétisait l’effacement de cette figure historiquement déterminée de l’homme, « comme à la limite de la mer un visage de sable ». Aujourd’hui, c’est paradoxalement notre empreinte indélébile sur la terre qui semble témoigner au mieux du fait que l’homme s’est perdu.

Si la transformation de la nature par l’homme est un trait de notre époque, la transformation de l’homme par cette même époque en est peut-être un autre plus profond encore. Ce colloque propose d’articuler deux questions qui sont trop souvent envisagées séparément : qu’est-ce que l’homme à fait de la Terre ? Qu’est-ce que l’anthropocène fait de (et à) l’homme ? L’anthropologie, la sociologie, l’histoire et la géographie, les études critiques, culturelles et artistiques sont avec la philosophie autant de lieux où quelque chose comme l’homme peut aujourd’hui trouver son terme ou, au contraire, gagner un avenir.

Programme

Jeudi 28 septembre 

amphithéâtre Becquerel

14h00 : café de bienvenue

14h20 : mot d’accueil

  • 14h30 : Jean-Baptiste Fressoz (CNRS), L’Anthropocène est un accumulocène
  • 15h30 : Frédérique Aït-Touati (EHESS), Figures du post-anthropocène. Cosmogrammes terrestres

16h30 : pause

  • 16h45 : François Hartog (EHESS), Les temps de l’Anthropocène

17h45 : fin

Vendredi 29 septembre

amphithéâtre Becquerel

9h00 : café

  • 9h15 : Catherine Larrère (Paris 1 Panthéon-Sorbonne), L’anthropocène : l’humanité entre genre et espèce
  • 10h15 : Benoît Berthelier (Paris 1 Panthéon-Sorbonne), « Le surhumain est le sens de la terre ». Sur les significations possibles d’une formule nietzschéenne

11h15 : pause

  • 11h30 : Sophie Gosselin (EHESS), De la condition de l’homme moderne à la condition terrestre : l’expérience des limites de l’humain

12h30 : pause déjeuner

  • 14h : Thomas Sentis (École polytechnique), Époque de la technique et anthropocène
  • 15h : Ismaël Moya (CNRS), L’altérité et l’alternative. L’anthropologie, l’anthropocène et les possibilités du présent

16h : pause

  • 16h15 : John Sabapathy (University College London), Être humain au pays de Cocagne

17h15 : conclusion

Intervenant·es

Frédérique Aït-Touati : chercheuse, écrivaine et metteuse en scène, Frédérique Aït-Touati a travaillé sur la relation entre la littérature, l’histoire des sciences et l’histoire de la Terre. Elle enseigne à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris.

Benoît Berthelier : doctorant en philosophie à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Benoît Berthelier travaille sur les maladies du non-sens chez Nietzsche et Wittgenstein. Il est l’auteur d’un ouvrage sur Nietzsche et l’écologie.

Michaël Fœssel : philosophe, Michaël Fœssel est professeur à l’École polytechnique. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages abordant les notions de monde et d’intime dans la modernité.

Jean-Baptiste Fressoz : historien des sciences, des techniques et de l’environnement, Jean-Baptiste Fressoz est chargé de recherche au CNRS. Son travail se concentre sur l’histoire de l’Anthropocène et des transitions énergétiques.

Sophie Gosselin :philosophe, Sophie Gosselin enseigne à l’EHESS. Son travail de recherche porte sur les conséquences philosophiques de la crise écologique et du tournant ontologique en anthropologie.

François Hartog : historien et directeur d’études à l’EHESS, François Hartog est connu pour son travail sur le temps et la notion de présentisme.

Catherine Larrère : philosophe, Catherine Larrère est professeure émérite à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle a écrit de nombreux ouvrages sur l’éthique environnementale, la philosophie de l’écologie et l’écoféminisme.

Ismaël Moya : anthropologue et ethnologue, Ismaël Moya est chargé de recherche au CNRS. Son travail porte sur l’anthropologie comparative, en particulier au Sahel musulman.

John Sabapathy : professeur d’histoire médiévale au University College London (UCL), spécialiste des institutions au xiiie siècle, John Sabapathy étend son approche historique au présent à travers la notion d’anthropocène. Il est codirecteur du centre UCL Anthropocene.

Thomas Sentis : doctorant en philosophie à l’École polytechnique, Thomas Sentis travaille sur l’articulation des notions de technique et de temps dans un cadre phénoménologique.

Inscription

Pour assister au colloque, une inscription est obligatoire au lien suivant : S’inscrire pour assister au colloque

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