[JE] Les mondes associatifs à l’épreuve des politiques migratoires : (ré)organisation, gouvernance, répertoires d’action
Cette journée d’études se propose d’interroger les (re)configurations de l’espace de la cause des étrangers et des immigrés en France et en Europe, et ce en questionnant notamment les relations entre le monde associatif et militant et l’État à l’épreuve des différentes « crises migratoires » et/ou « crises de l’accueil ».
Les thématiques liées à l’immigration, aux frontières ou encore à la gestion des formes d’accueil sur les territoires français et européens sont régulièrement, et particulièrement au cours de la dernière décennie, au cœur de l’actualité tant médiatique que politique. Auprès des migrant.es, exilé.es, réfugié.es, demandeur.ses d’asile et immigré.es, les mondes associatifs et militants sont historiquement présents et engagés en faveur de leur accueil et de leur défense, au travers de prises de position et de répertoires d’action variés.
C’est aussi le cas auprès des populations immigrées installées et de leurs descendant.e.s, et ce dans des secteurs de la participation politique aussi variés que les mondes du travail, les organisations syndicales, les associations et club sportifs, les associations culturelles, les lieux d’alphabétisation et de formation, etc. Au fil des arrivées migratoires, l’espace associatif et militant concerné s’est configuré et façonné, constituant autant d’intermédiaires entre les populations étrangères et immigrées, l’État et la société française.
L’accès au droit des demandeurs et demandeuses d’asile fait également l’objet d’une prise en charge déléguée en grande partie au secteur associatif. Dans le contexte de la dématérialisation des procédures de demande d’asile, ce nouvel acteur – nouveau guichet de l’État et de ses frontières – s’adapte tout en contribuant au déploiement de « l’État-plateforme ».
D’une manière générale, le secteur de l’accueil des populations immigrées, mis à l’épreuve par les crises migratoires, apparait comme un laboratoire des évolutions structurelles qui touchent le secteur associatif. Il s’agit ici d’interroger les modes de gouvernance, de coopération et d’organisation autour de l’accueil de ces populations pour tenter de répondre à de multiples questionnements tels que :
Ces modes de gouvernance changent-ils ou non au prisme des différentes « crises migratoires » et de l’évolution des politiques ? Si changement il y a, en fonction de quoi les réponses apportées par le monde associatif varient-elles ? Changent-elles au regard des migrations elles-mêmes, des populations migrantes, des politiques migratoires, des politiques publiques de soutien aux associations ou encore des associations et des bénévoles et salarié.es qui y travaillent ?
Quels effets a la délégation d’une mission régalienne de l’État sur le milieu associatif ? Comment peut-on aujourd’hui caractériser les relations qui s’établissent entre l’État et le monde associatif intervenant auprès des populations exilées ? La « crise des frontières » permet-elle l’entrée dans le champ de nouvelles associations ? Quelles nouvelles rhétoriques se déploient pour inciter à la mobilisation ? Comment les associations contribuent-elles, en miroir, à la transformation des politiques migratoires ? À quelles conditions peut s’appliquer ce rôle de contre-pouvoir ?
Dans quelle mesure des changements politiques nationaux ou transnationaux ont-ils des effets sur le monde associatif ? Par exemple : les politiques européennes de contrôle des frontières extérieures participent-elles à déplacer les lieux physiques et symboliques de l’aide associative internationale ? Dans quelle mesure les politiques répétées de démantèlement des lieux de vie précaires des exilé.es (à Paris, à Calais ou ailleurs) participent-elles à transformer les pratiques associatives locales ? Quelles formes renouvelées d’engagements suscitent-elles ? Comment transforment-elles aussi les territoires de l’action associative (urbain, rural, communes, etc.) ?
En interrogeant les relations et les distances entre l’État et les associations, ce sont aussi les échelles nationales et internationales qui sont analysées : quelle place l’internationalisation de l’action publique et de l’action associative et des ONG joue-t-elle dans ces (re)configurations de l’espace militant et associatif ?
Modalités de soumission
Les réponses à l’appel à communications, d’une longueur de 3000 signes maximum (espaces compris), sont à envoyer aux trois adresses suivantes :
- florence.ihaddadene@u-picardie.fr
- camille.martin@ens-lyon.fr
- mathilde.pette@univ-perp.fr
pour le lundi 26 septembre 2022.
La communication s’appuiera sur une enquête empirique dont les terrains et méthodes de recueil de données seront explicités.
Calendrier
- Envoi des propositions de communications : 26 septembre 2022
- Réponses aux auteur.trice.s : fin octobre 2022
- Publication du programme : fin novembre 2022
- Envoi des textes des communications : début février 2023
Comité de pilotage
- Florence Ihaddadene (Université Picardie Jules Verne, CURAPP-ESS)
- Camille Martin (ENS Lyon, Centre Max Weber)
- Mathilde Pette (Université de Perpignan Via Domitia, ART Dev)
organisée par le RT34 (Sociologie politique) et le RT35 (Sociologie des mondes associatifs) de l’AFS et avec le soutien des laboratoires ART-Dev, Centre Max Weber et CURAPP
Comité scientifique et d’organisation
- Anne-Cécile Caseau (LEGS / LIEPP)
- Thomas Douniès (Université Picardie Jules Verne, CURAPP-ESS / CRESPPA-CSU)
- Camille Hamidi (Université Lyon II, TRIANGLE)
- Florence Ihaddadene (Université Picardie Jules Verne, CURAPP-ESS)
- Camille Martin (ENS Lyon, Centre Max Weber)
- Estelle Miramond (Université de Paris, LCSP / CASE)
- Mathilde Pette (Université de Perpignan Via Domitia, ART Dev)
- Romane Sabrié (Université de Paris Nanterre, Sophiapol)