[JE] Travail et social, faut-il prononcer le divorce ?

 

Perte de sens, souffrance, burn out, le management d’entreprise et le travail social associatif sont-ils conciliables ?

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Publié le vendredi 19 novembre 2021 par Céline Guilleux

RÉSUMÉ

Le questionnement autour de la perte de sens du travail social, et plus largement de la souffrance au travail, occupe le débat public, depuis une dizaine d’années. Dans les milieux majoritairement associatifs, cela semble encore s’intensifier. Soumis à des objectifs chiffrés, des procédures rigides et des réorganisations fréquentes, les salariés considèrent souvent que leur travail perd son sens. Ces rencontres souhaitent mettre en lumière ce qu’il se joue dans ce monde du travail si spécifique où précisément le sens, l’adéquation avec des valeurs et non avec une logique de profit, fondent l’engagement.

ANNONCE

Argumentaire

Pour éclairer ces questions nous réunirons philosophes, psychiatres, syndicalistes, personnes concernées, écrivains, inspecteurs du travail, travailleurs sociaux, formateurs, sociologues, journalistes, managers de l’économie social et solidaire pendant 3 jours pour échanger, débattre, imaginer, créer et partager autour de ces épineuses questions : le travail peut-il encore être social, peut-on encore travailler dans le social, le Travail et le Social doivent-ils divorcer ?

Le questionnement autour de la perte de sens du travail social, et plus largement de la souffrance au travail, occupe le débat public, depuis une dizaine d’années. Dans les milieux majoritairement associatifs, cela semble encore s’intensifier. Soumis à des objectifs chiffrés, des procédures rigides et des réorganisations fréquentes, les salariés considèrent souvent que leur travail perd son sens. Ces rencontres souhaitent mettre en lumière ce qu’il se joue dans ce monde du travail si spécifique où précisément le sens, l’adéquation avec des valeurs et non avec une logique de profit, fondent l’engagement. Ces principes semblent aujourd’hui permettre en réalité des modalités d’exploitation insidieuses, dissimulées derrière des idéologies de civisme, de responsabilité sociale et d’engagement associatif. Le travail peut-il encore être social dans ce contexte ? L’épuisement professionnel, la maladie, la souffrance ne sont-ils pas intrinsèquement liés à cette forme de reconnaissance professionnelle qui ne se fonde que sur un engagement idéologique, une conviction ? Les orientations socio-politiques actuelles permettent-elles d’envisager un travail social associatif dans lequel il sera possible de travailler dans un environnement social apaisé ? 

Programme previsionnel

(Nous n’avons pas à ce jour la confirmation de la participation de tous les intervenants, nous nous engageons néanmoins à ce que les différents champs disciplinaires, statuts et professions annoncées soient représentés. De même les titres des interventions restent provisoires et soumis à validation).

Mardi 24 mai

Matin

Accueil / installation / initiation Magali BICAIS : Faut-il réconcilier le travail et le social, présentation de la formation

Après-Midi

Petite histoire des conditions de travail et du management dans le travail social

Dialogue

  • Nikos PRECAS : Le contexte particulier du travail social  
  • Jacques ION : Transformations dans la sphère associative

Mercredi 25 mai

Matin

  • Souffrir au travail : de quoi parle-t-on ? Brigitte FONT LE BRET / Marin LEDUN : Avant qu’on ne compte les morts 
  • Charlène FEIGE : Le travail : un supportable ?

Après-Midi

Regards croisés et expériences vécues

Table au Carrée

  • Pascal DURUISSEAU : C’est l’histoire d’un directeur
  • Farida RIGHAOUI : Récit d’une formatrice 
  • François MARCHIVE : Il était une fois au syndicat
  • Fabienne BINOT : Sud Santé-Social, témoignage de 20 ans de lutte 

Jeudi 26 mai

Les pratiques en court 

  • Samuel GARNIER : Développement personnel et analyse des pratiques : l’impasse des chefs de services
  • Virginie GRIMA : Inspecter et dénoncer Arpentage collectif avec les auteures
  • Lily ZALZETT & Stella FIHN : Te plains pas, c’est pas l’usine : exploitation en milieu associatif !

Après-Midi

Une nécessaire (re) définition du travail

  • Danièle LINHART : Les autres sans le travail
  • Marie-Anne DUJARIER : De la nécessité à définir le travail

Projection/Débat 

  • Yves CLOT : Responsabilisation, autonomie, participation (conférence enregistrée et rediffusée en distanciel)
  • Eric HAMRAOUI : L’épuisement de la vie dans le travail

Vendredi 27 mai

Matin

Débloquer les imaginaires

  • Sandra LUCBERT : Rediriger notre colère  
  • Barbara STIEGLER : Refuser de s’adapter             

Présentation des intervenants

  • Fabienne BINOT 

Secrétaire générale Sud Santé-Social, Directrice de publication DIFFERENT, depuis presque 20 ans elle accompagne les salariés du travail social dans leurs luttes syndicales. A l’initiative de plusieurs conférences sur la marchandisation du travail social et la dégradation des conditions de travail dans les secteurs du sanitaire et du social. 

  • Yves CLOT (en distanciel)

Psychologue du travail et Professeur à la chaire de psychologie du travail du CNAM, directeur du Centre de recherche sur le travail et le développement (CRTD, EA 4132), est notamment l’auteur de Le Travail sans l’homme ? Pour une psychologie des milieux de travail et de vie (La Découverte, 1995, 2008), Travail et pouvoir d’agir (PUF, 2008) et plus récemment Le prix du travail bien fait ; la coopération conflictuelle dans les organisations (La Découverte, 2021), Éthique et travail collectif ; controverses (Eres, 2020) et Le travail peut-il devenir supportable? (Armand Colin, 2014, 2017)

  • Marie-Anne DUJARIER

Professeure de sociologie à l’Université Paris-Diderot, membre du Laboratoire de changement social et politique (LCSP) et membre associée du LISE (CNAM /CNRS). Ses recherches portent sur la sociologie du travail et des organisations, elle est l’auteure de Le management désincarné. Enquête sur les nouveaux cadres du travail (La Découverte, 2015) ou Le travail du consommateur (La Découverte, 2008). 

  • Pascal DURUISSEAU

Directeur de plusieurs établissements médico-sociaux, il intervient dans la formation des cadres et directeurs en travail social et occupe aujourd’hui un profil de poste atypique, celui de manageur de transition. Au cœur des difficultés rencontrées par les travailleurs sociaux, il témoignera de nombreuses années de pratique dans le secteur et pourra expliciter les enjeux du management aujourd’hui

  • Charlène FEIGE

Sociologue de formation, elle est aujourd’hui formatrice à Ocellia-Grenoble et assure l’accompagnement des futurs assistants de services sociaux, éducateurs spécialisés et éducateurs jeunes enfants. Particulièrement sensible aux risques psycho-sociaux, la plupart de ses recherches traitent des conditions de travail et de notre rapport à celui-ci.

  • Stella FIHN  

Salariée du secteur associatif, elle propose dans Te plains pas, c’est pas l’usine. L’exploitation en milieu associatif (Niet, 2020), une analyse du travail dans les associations, et offrent des pistes de réflexion et d’action pour lutter contre « l’idéologie du dévouement ».

  • Brigitte FONT LE BRET 

Médecin du travail et psychiatre, spécialiste de la question de la souffrance au travail, membre de l’Observatoire du stress et des mobilités forcées à FranceTélécom. Elle cosigne Pendant qu’ils comptent les morts (La Tengo, 2010) où elle rend compte des dégâts du travail sur la santé mentale de nombreux salariés.

  • Samuel GARNIER   

Aujourd’hui responsable d’entité à Ocellia-Grenoble, il fut responsable de la formation des cadres à l’institut de formation en travail social d’Echirolles. Doctorant en psychologie du développement et sciences de l’éducation, il s’intéresse à la psychologie positive et au mindfullness notamment dans les analyses de la pratique proposées aux chefs de services. Ancien éducateur, il connaît bien le milieu associatif et le travail social, il témoigne aujourd’hui du mal être institutionnel et personnel du secteur.

  • Virginie GRIMA

Inspectrice du travail, elle connaît le travail social de façon intime puisqu’elle a « grandi dedans ». Sa sensibilité à la justice sociale et son articulation avec le monde du travail lui permette d’analyser de l’intérieur les logiques de management délétère à l’œuvre dans les différents milieux qu’elle côtoie.   

  • Eric HAMRAOUI

Maître de conférence, HDR en philosophie au CNAM, il propose un regard philosophique sur le travail et y interroge la place de la vie. Il articule l’exigence de l’analyse philosophique à une prise en compte des situations concrètes et des transformations du travail contemporain.

  • Jacques ION 

Sociologue, il a été directeur de recherches au CNRS. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur le travail social et les transformations du militantisme. Dans ses travaux de type ethnographiques il questionne le sens même du travail social et son lien avec l’engagement social et politique. Le travail social au singulier (Dunod, 1998), Travail social et souffrance psychique (Dunod, 2005), La fin des militants (Persee, 1997).

  • Marin LEDUN 

Romancier, essayiste, il est docteur en sciences de l’information et de la communication. Ses écrits portent sur l’émergence de nouvelles pathologies liées à l’organisation du travail. Ses romans évoquent les limites du progrès, la crise contemporaine et ses conséquences sociales. Il cosigne Pendant qu’ils comptent les morts (La Tengo, 2010) où il révèle la souffrance au travail mais aussi Les visages écrasés (Seuil, 2011) qui aborde ce même thème. Récurrent dans ses ouvrages, il nous livre une réflexion intime sur les conditions de travail et leur lien avec l’organisation social et politique. 

  • Danièle LIENHARDT

Sociologue, directrice de recherche émérite au CNRS, elle travaille depuis 20 ans sur l’évolution du travail, les nouvelles formes de mobilisation des salariés et la place du travail dans la société. Elle observe dans son livre Travailler sans les autres ? (Seuil, 2009) les conséquences sur les collectifs de travail des nouvelles méthodes managériales et aborde L’insoutenable subordination des salariés, (Erès, 2021). Le burn out : travailler à perdre la raison, 2019

  • Sandra LUCBERT 

Ecrivaine, elle est normalienne et agrégée de lettres modernes. Après deux romans, Mobiles (Flammarion, 2013) et La Toile (Gallimard, 2017), elle nous propose dans Personne ne sort les fusils (Seuil, 2020) un livre écrit après avoir assisté au procès France Télécom, une dénonciation rageuse de l’utilisation de ce qu’elle appelle la langue du capitalisme néolibéral. Dans Le ministère des contes publiques (Verdier, 2021) elle explique la dissolution du politique dans le technique.

  • François MARCHIVE

Formateur et psychosociologue, il met sa trajectoire professionnelle et syndicale au service de l’analyse des dynamiques et tensions liées aux organisations du travail et à la santé au travail, dans une démarche clinique et horizontale visant à l’appropriation et à la transmission.

  • Nikos PRECAS 

Philosophe et sociologue, il fut conseiller d’éducation populaire et de jeunesse à la DDJS de l’Isère. Il étudie le passage du volontariat à la professionnalisation dans Animateurs : formations, compétences et valeurs (Harmattan, 2004) et retrace le contexte particulier du travail social et ses métamorphoses. Comme écrivain, il relie la crise grecque « aux crises comme tous les pays en ont connu, aux déserts comme chacun en a traversé », Athènes en ruines (Brandon, 2020)

  • Farida RIGHAOUI

Educatrice spécialisée puis formatrice pour les travailleurs sociaux, elle entame la reconnaissance en maladie professionnelle du burn out qui la touche depuis plus d’un an. Reliant son engagement dans le travail social à son implication professionnelle qui l’ont conduite à l’épuisement, elle propose une analyse intime des managements affectifs et des logiques néolibérales à l’œuvre. 

  • Barbara STIEGLER 

Philosophe, professeure de l’université de Bordeaux, Elle explique dans son livre Il faut s’adapter. Sur un nouvel impératif politique (Gallimard, 2019) l’injonction à s’adapter au rythme des mutations pour satisfaire les enjeux marchands et la compétition. Analysant et encourageant les luttes collectives, démocratiques et locales afin de retrouver une puissance d’action, elle propose différentes façons de « s’engager en pandémie » pendant la crise sanitaire.

  • Lily ZALZETT 

Salariée du secteur associatif, elle propose dans Te plains pas, c’est pas l’usine. L’exploitation en milieu associatif (Niet, 2020), une analyse du travail dans les associations, et offrent des pistes de réflexion et d’action pour lutter contre « l’idéologie du dévouement ».

Modalités d’inscription

Tarif : 3 jours en pension complète

DU MARDI 24 MAI (10H) AU VENDREDI 27 MAI (12H)

Pour les rencontres de 3 jours, le forfait du séjour en pension complet est de 800 € (tarifs étudiants : 500 €).

Il comprend la prestation pédagogique (interventions/débats le mardi de 10h à 18h, le mercredi de 9h à 18h, le jeudi de 9h à 18h, le vendredi de 9h à 12h)

La pension complète : 3 petits déjeuners / 6 repas (possibilité d’arrivée la veille avec nuitée en sus)

L’hébergement en chambre double avec douche et sanitaire (3 nuits) (possibilité chambre individuelle) 

  • Date limite d’inscription : 1 février 2022
  • Attention : l’inscription est validée par la réception des arrhes soit 200€
  • Il est souhaitable de vous inscrire via notre site internet https://lemas.fr.gd/

Les rencontres du M.A.S

Les rencontres et formations proposées par le M.A.S. s’inscrivent dans la tradition de l’éducation populaire et reconnaissent à chaque individu, en vertu de son expérience vécue, la capacité à être simultanément en formation et acteur de sa formation. En proposant des modalités d’interventions originales qui inscrivent les participants dans un processus de transformation et d’acquisition de connaissances, nous souhaitons donner la possibilité à tout un chacun d’avoir les moyens d’agir sur son environnement. Ces rencontres sont construites de façon participative (croissement des disciplines, personnes concernées, champs d’intervention diversifiés…) et permettent, par le temps partagé ensemble, de s’approprier des connaissances dans des espaces tout autant formels qu’informels. 

Convaincu que la création de communauté de pensée permet la construction de savoirs partagés, le M.A.S vous accueille dans un cadre chaleureux et idyllique, à quelques kilomètres de Toulon, au Domaine de Massacan. Ces rencontres se caractérisent par un accueil de qualité (hébergement et restauration sur place), des séjours conviviaux, des contenus et des discussions riches et variées, des thématiques originales, un accès pour tous qui favorise l’échange et une volonté d’articuler les connaissances théoriques aux connaissances pratiques. Cette dynamique en fait un lieu ouvert où peuvent se développer des démarches de recherche et de formation visant à la production de savoirs, dans un esprit coopératif et solidaire.

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