[AAC] Le(s) temps du care
Cette journée d’étude est organisée par des doctorants et jeunes docteurs de l’unité de recherche HCTI, Université de Bretagne Occidentale, Collège Doctoral de Bretagne (ED ALL). La journée d’étude aura lieu mercredi 5 avril 2023 à Brest.
Nous accueillerons à cette occasion une conférence de Fabienne Brugère sur l’éthique du care, centrée sur l’intérêt que présente ce champ pluridisciplinaire pour les jeunes chercheurs.
La journée sera diffusée en ligne.
Argumentaire
Parce qu’on a tendance à employer le mot « care » seul, distinguer l’éthique du care du « care » peut s’avérer fécond. Le « care » se veut un synonyme de l’empathie, du soin et de la résilience[1] : il ne porte pas les sèmes éthico-politiques du concept forgé par Carol Gilligan[2] en 1982. La « voix différente » théorisée par la philosophe est une voix de résistance à un paradigme moral patriarcal, et « l’éthique du care, avec son attention à la voix (à ce que chacun ait une voix et soit écouté, et entendu) et aux relations, est l’éthique d’une société démocratique[3] ». Cette éthique met l’accent sur l’interdépendance des êtres humains, la vulnérabilité et la sensibilité, trois concepts pensés en opposition à une morale[4] dénoncée comme abstraite et porteuse de biais genrés. Pour autant, l’éthique du care ne se pense pas uniquement dans les relations interpersonnelles. Comme le rappelle Fabienne Brugère : « fournir une théorie générale du care suppose de porter la perspective d’un changement politique et social. L’éthique du care se comprend alors comme une théorie critique dénonçant et exhibant les procédés par lesquels se sont opérées, dans nos sociétés, une marginalisation du souci des plus vulnérables et une non-reconnaissance des pratiques, des personnes et des institutions qui portent ce traitement de la société[5] ». Nous nous proposons alors de définir l’éthique du care à partir de ce que Joan C. Tronto appelle « le bon care[6] », lequel se cristallise autour de quatre grands piliers : l’attention (caring about, se soucier de), la responsabilité (taking care of, prendre en charge), la compétence (care giving, prendre soin), et la capacité de réponse (care receiving, recevoir le soin).
Si les sciences sociales se sont déjà proposé d’étudier conjointement care et temps[7], aucun événement porté à notre connaissance n’a encore été organisé qui rapprocherait éthique du care et temporalité(s) avec les perspectives, corpus et méthodologies propres aux sciences humaines. La littérature s’intéresse seulement, en France, depuis une dizaine d’années[8], à la notion. La philosophie s’est emparée de ce champ bien auparavant[9], et les travaux des philosophes[10] françaises (Fabienne Brugère, Sandra Laugier, Marie Garrau) ont favorisé la diffusion de la constellation de notions reliées à l’éthique du care, autant qu’ils expliquent l’effervescence actuelle que suscite ce domaine. Cette journée d’étude entend s’inscrire dans la continuité de ces travaux et contribuer à mettre en lumière l’intérêt de ce champ de recherche relativement émergent pour penser nos manières d’habiter le monde et d’en prendre soin, qu’elles soient passées, présentes ou futures.
Comme concept objectif, le temps désigne une échelle articulant abstraitement les trois dimensions présent-passé-futur à partir d’un événement centralisateur. Comme concept social, il désigne une institution structurant la « durée publique[11] », unifiant présent, passé et futur au sein d’une narration commune. Comme concept individuel, il s’agit enfin de la manière dont chacun expérimente différemment l’intensité de l’écoulement du temps. Lier éthique du care et temps implique d’interroger l’éclairage réciproque que s’apportent ces notions. L’observation du temps au prisme de l’éthique du care et de son anthropologie (interdépendance, vulnérabilité, sensibilité), consiste à examiner l’existence en relation (à soi, aux autres, au monde), sa qualité et sa nature. Ce paradigme indique que le care est un processus de décentrement qui ne peut se penser que dans la communauté, en corrélation avec d’autres temporalités. Il ne s’agit plus du temps de l’individu mais du temps de la rencontre : ce temps, qui n’est pas uniforme pour les différentes entités en relation, devient riche d’indétermination et demande une attention particulière pour être saisi comme tel. Dans cette journée d’étude, nous observerons ce que l’éthique du care peut produire d’habitations divergentes du présent, de relectures d’un passé historique ou imaginaire et de nouvelles formes d’investissement de futur(s). Les axes suivants pourront être envisagés :
Care et diachronie
Pensé comme objet d’étude diachronique, le care pourra être étudié dans ses spécificités relatives à des contextes historiques socio-culturels variés et permettra d’explorer le caractère hétéroclite, transnational et transhistorique de cette notion au-delà des stéréotypes qu’elle a pu contribuer à véhiculer[12]. Cette perspective s’explique par le fait que les pratiques associées à l’éthique du care apparaissent, dans leur version primitive, dans les écrits des Lumières[13], et se concrétisent dans les débats autour de la naturalisation des métiers du soin. L’étude de la temporalité des émotions et des mentalités a souligné l’intérêt que présente l’étude des textes littéraires dans leur rôle de transmission sur le plan du sensible[14]. Les réflexions autour des temporalités du care permettent de questionner les héritages et les continuités de cet objet d’étude.
Care et réparation du passé
Le care a pu s’imposer de manière négative aux femmes en véhiculant des stéréotypes de genre ; aussi, l’éthique du care, cette fois-ci, peut-elle être utilisée dans la fiction comme une tentative de réparation postérieure à destination de figures du care invisibilisées en raison de la non-valorisation ou de la non‑reconnaissance d’un travail du soin considéré comme naturel. Dans une définition plus étendue, l’éthique du care porte une vision réparatrice développée par Joan C. Tronto : « tout ce que nous faisons pour maintenir, perpétuer et réparer “notre monde”, de sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible. Ce monde comprend nos corps, nous-mêmes et notre environnement, tous éléments que nous cherchons à relier en un réseau complexe, en soutien à la vie[15] ». Autrement dit, l’éthique du care relie le monde en un réseau attentif à la vie ; c’est un engagement qui tend à réparer un monde vulnérable. Aussi est-il envisageable d’étudier les mécanismes de réparation, qu’ils soient fictionnels ou tentatives historiques concrètes, en vue d’une meilleure représentation de ceux qui ont été minorés, silenciés, ou encore qui héritent de traumas personnels comme socio-historiques. Dans quelle mesure la recherche a-t-elle un rôle à jouer dans cette entreprise, comme l’ambitionne par exemple la micro-histoire ?On pourra questionner les limites de la réparation – limites parfois exhibées au sein même de l’espace fictionnel pour être interrogées – et la faisabilité d’un tel projet : quelles sont ses implications ontologiques et/ou socio-politiques ? Si la réparation est comprise comme un retour à un état précédant ce qui nous a abîmé, on peut se demander jusqu’où l’on peut être réparé, même si on l’on disposait d’un temps infini. Quelle eschatologie (terme) ou téléologie (fin) pour le care comme processus ? La réparation ne se comprend qu’en vertu d’une norme conservatrice problématique, celle de l’intact : elle exclurait du domaine du care les irréparables (beyond repair) et ne permettrait pas de thématiser l’irréversibilité de la vie, comprise dans l’idée de vulnérabilité portée par l’éthique du care.
Le présent est-il le temps du care ?
Les « régimes d’historicité » théorisés par François Hartog[16] peuvent nous conduire à considérer l’éthique du care comme une notion typiquement présentiste et, ce faisant, nous invitent à penser que le care, même lorsqu’il est tourné vers un passé qu’il faudrait symboliquement réparer, reste une notion proprement contemporaine et l’un des symptômes de cette crise du présent que l’historien a contribué à théoriser avec Marc Gontard, Lionel Ruffel, et Henri Rousso. Cette idée que le présent serait le temps du care, déjà envisagée lors d’autres manifestations scientifiques[17], mérite d’être explorée.
Rapprocher présent et care pourrait nous conduire à envisager la synchronicité (au sens aristotélicien de mimêsis) entre, par exemple, le temps de l’éthique du care au sein d’une fiction et le temps de celui qui la reçoit ou y contribue. Cela nous permettrait d’interroger le rôle de ce dernier dans la pratique du care au sens où l’on pourrait considérer que c’est à la fois dans l’attention que le récepteur porte à l’œuvre et dans la responsabilité qu’il se donne d’en faire vivre les possibilités dans le monde qu’émerge une véritable éthique du care : le lecteur-spectateur-auditeur devient alors non seulement un care receiver, mais également un care giver. Alexandre Gefen nous invite, plutôt que d’étudier la représentation du care en littérature, à penser une littérature du care qui soit propice à la construction d’un nouveau paradigme.
Le care comme horizon d’attente
Et si le care permettait plutôt de sortir du régime présentiste qui régit le monde contemporain ? L’éthique du care pourrait bien permettre de penser une futurité[18] au sens où elle se révèle de plus en plus comme un horizon souhaité, voire un futur possible. Face à un présent en crise et dans la perspective de l’écoféminisme[19] radical, l’éthique du care se présente comme une alternative à une morale patriarcale, capitaliste et délétère pour les êtres vivants comme pour leur environnement. Déjà, avec Carol Gilligan, l’éthique féministe du care était envisagée comme « une voix qui ne véhicule pas les normes et les valeurs du patriarcat[20] » et qui s’oppose aux dualismes hiérarchiques : c’est là un point de rencontre crucial avec la pensée écoféministe. Dans cette perspective, on peut se demander si le « bon care » de Joan C. Tronto a pu faire l’objet d’utopies (imaginer un monde meilleur) ou d’uchronies (comparer l’advenu avec ce qui aurait pu être), qu’elles soient de simples exercices de pensées ou des projets de société concrets.Néanmoins, le danger subsiste de renvoyer cette éthique vers un futur idéalisé et inatteignable, en négligeant par là même l’un des fondements de cette éthique qui se veut pratique concrète, incarnée et ancrée dans le quotidien. De fait, les critiques qu’adressent respectivement Fabienne Brugère et Alexandre Gefen au care compris comme résilience rappellent ce dévoiement possible de la notion : instrumentalisée par les pouvoirs publics pour se décharger de la question du soin sur les individus, l’éthique du care « est renvoyée aux marges du réel, condamnée à l’impuissance, naturalisée comme affaire typiquement féminine ou confiée aux pauvres, aux migrants, à celles et ceux, sans pouvoir, que l’on exploite dans le silence[21] ». Aussi, si le « bon care » est associable à l’utopie ou à l’uchronie, le care pourrait également faire l’objet de dystopies interrogeant le « dark care[22] » (Elsa Dorlin).
Modalités de contributions
Les interventions, qui ne devront pas excéder 30 minutes, seront suivies de 15 minutes de discussion avec le public.
Cet appel à communication s’adresse aux jeunes chercheurs (doctorants et post-doctorants) travaillant dans les domaines des sciences humaines.
Les propositions (en français) contenant nom, prénom, statut, affiliation, discipline, le titre et le résumé (200-300 mots) de la communication, ainsi qu’une courte notice bio-bibliographique, doivent être transmises à l’adresse suivante : doctorants.hcti@gmail.com
au plus tard le 8 février 2023.
Les candidat.e.s seront informé.e.s de l’acceptation ou du refus des propositions le 15 février 2023.
Membres du comité d’organisation
Stanislas Derrien (section CNU 11), Gwenthalyn Engélibert (section CNU 11, MCF en Études américaines), Lisa Haristoy (section CNU 11), Francis Jaouen (section CNU 7), Morgane Lebouc (section CNU 10), Sophie Le Hiress (section CNU 11), Fabiola Obame (section CNU 10), Diana Rodová (section CNU 10), Semyon Tanguy-André (section CNU 17).
Notes
[1] Voir à ce propos la conférence d’Alexandre Gefen à la Maison Française d’Oxford, « Politiques de l’empathie, politiques de la résilience », 5 septembre 2022. Alexandre Gefen questionne les mésusages du care à partir des synonymes « empathie » et « résilience ».
[2] GILLIGAN, Carol, Une voix différente. Pour une éthique du care [In a Different Voice : Psychological Theory and Women’s Development, 1982], traduit par Annie Kwiatek, Paris, Flammarion, 2008.
[3] GILLIGAN, Carol, « Une voix différente. Un regard prospectif à partir du passé » dans PAPERMAN, Patricia (dir.), Le Souci de soi : éthique et politique du care, traduit par Patricia Paperman, Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 2020, p. 37.
[4] La morale renverrait à des principes prescriptifs, abstraits et autoritaires tandis que l’éthique serait plutôt une pratique contextualisée, laquelle concerne nos relations de tous les jours. Elle se veut donc a contrario subjective et empirique. Voir la section « Une éthique plus qu’une morale » dans BRUGÈRE, Fabienne, L’Éthique du care, Paris, PUF, 2011.
[5] Ibid., p. 74-75.
[6] Voir TRONTO, Joan C., Un monde vulnérable : pour une politique du care [Caring Democracry. Markets, Equality and Justice, 1993], traduit par Hervé Maury, Paris, Éditions la Découverte, 2009, p. 147‑149.
[7] On pense aux travaux d’Aurélie Damamme, par exemple.
[8] En littérature, les travaux des chercheuses canadiennes (Dominique Hétu, Andrea Oberhuber) et les différentes manifestations (2004, 2021) qu’elles ont portées ont permis l’émergence progressive de la notion jusqu’au colloque « Caring Lit’ » (2021) organisé par Alexandre Gefen, Andrea Oberhuber et Sandra Laugier, qui a été suivi par la publication d’un ouvrage collectif sous le nom « Pour une littérature du care » (2022). Ce projet ambitionne de faire le point sur les liens entre éthique du care et littérature, prenant ainsi la suite de l’essai Réparer le monde d’Alexandre Gefen (2017).
[9] PAPERMAN, Patricia, LAUGIER, Sandra (dir.), Le Souci des autres: éthique et politique du care, op. cit., 2006 ; MOLINIER, Pascale, LAUGIER, Sandra, PAPERMAN, Patricia (dir.), Qu’est-ce que le care ? Souci des autres, sensibilité, responsabilité, Paris, Payot, 2009 ; GARRAU, Marie, LE GOFF, Alice, Care, justice et dépendance : introduction aux théories du care, Paris, PUF, 2010.
[10] Comme ceux en études politiques, notamment portés par Patricia Paperman, Caroline Ibos et Sophie Bourgault.
[11] REVAULT D’ALLONNES, Myriam, Le Pouvoir des commencements, Paris, Seuil, 2006.
[12] Les stéréotypes genrés véhiculés par le care relèvent notamment du domaine de la santé et du travail social. Souvent assignées à des individus en position subalterne, dont femmes, pauvres et migrants, ces tâches ont subi une disqualification morale et un discrédit social (J. Tronto). Ce phénomène, largement diffusé à partir du XIXe siècle, interroge la dimension sexuée des pratiques du care, matérialisée dans la division morale du travail. Les figures féminines des mères, infirmières, épouses, dames de compagnie, enseignantes, ménagères, etc., représentent l’asymétrie des rôles sociaux historiquement attribués aux femmes. Voir l’entrée « Care » dans BARD, Christine, CHAPERON Sylvie (dir.), Dictionnaire des féministes. France, XVIIIe-XXIe siècles, Paris, PUF, 2017.
[13] CITTON, Yves, « Chagrins du ménage et soucis éthiques du care. Isabelle de Charrière et Françoise de Graffigny » dans Altermodernités des Lumières, Paris, Seuil, 2022, p. 259-288.
[14] CORBIN, Alain, COURTINE, Jean-Jacques, VIGARELLO, Georges (dir.), Histoire des émotions, De la fin du XIXe siècle à nos jours, Tome 3, Paris, Seuil, 2016.
[15] TRONTO, Joan C., Un monde vulnérable : pour une politique du care, op. cit., p. 143.
[16] Voir HARTOG, François, Régimes d’historicité. Présentisme et expériences du temps, Paris, Seuil, 2003. D’après les théoriciens du présentisme, nous avons basculé en 1989 dans un régime d’historicité dont la spécificité est l’obsession pour le présent et la perception de nous-mêmes comme contemporains (Georgio Agamben). La conséquence de ce regard exclusivement tourné vers le présent est que les autres temporalités sont envisagées à l’aune de ce présent : au concept d’Histoire s’est substitué celui de mémoire, qui consiste à réactualiser le passé et à le faire entrer dans le présent en essayant de le réparer. Le futur, lui, est un espace de projection de nos angoisses actuelles : nous représentons une anamorphose de notre propre réalité.
[17] On lit par exemple dans l’appel à communication de Dominique Hétu et Maïté Snauwaert : « En liant care et littérature, nous souhaitons nous aventurer dans l’examen d’une éthique encore en travail, qui paraît avoir étrangement partie liée avec le contemporain. En tant que pensée critique du présent exercée en filigrane dans un nombre croissant d’œuvres, la plasticité du care lui permet de dire un monde ressenti comme en crise, à prendre en charge, voire à réparer, à soigner d’un point de vue aussi bien attentionnel que concret, physique que philosophique ». Voir https://www.fabula.org/actualites/84540/poetiques-et-imaginaires-du-care-temps-zero-n-12.html [consulté le 20/11/2022].
[18] « Alors que selon notre façon chronologique de concevoir le temps, le passé influencerait le présent et ce dernier agirait sur le futur, la futurité propose que le futur que nous anticipons détermine nos actions présentes. Ainsi l’avenir que nous nous figurons agirait directement sur le présent en modelant ces actions. La notion de futurité peut également se comprendre comme une forme de réparation inscrite dans une perspective décoloniale », voir le numéro Futurité de la revue Esse (n°100), automne 2020. Si ce concept est utilisé pour l’analyse des dystopies et s’applique plus particulièrement à « l’afrofuturisme », il pourrait être intéressant de le rapprocher de l’éthique du care.
[19] BURGART-GOUTAL, Jeanne, « L’écoféminisme : régression ou révolution ? », dans BERGÈS, Karine, BINARD, Florence, GUYARD-NEDELEC, Alexandrine (dir.), Féminismes du XXIe siècle : une troisième vague ?, Rennes, PUR, 2017.
[20] GILLIGAN, Carol, « Une voix différente. Un regard prospectif à partir du passé » dans PAPERMAN, Patricia, op. cit., p. 39.
[21] BRUGÈRE, Fabienne, op. cit., p. 88.
[22] Elsa Dorlin esquisse les contours d’un « dark care » ou « dirty care », soit la propension des opprimé·es à « être constamment à l’affût, à l’écoute du monde et des autres […] pour se défendre », DORLIN, Elsa, Se défendre. Une philosophie de la violence, Paris, La Découverte, 2017, p. 204.